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jeudi 26 avril 2012

Les compteurs électriques intelligents obligatoires en 2012

Comme souvent pour les sujets qui fâchent, le décret est passé quasiment inaperçu. Jeudi 2 septembre, le ministère de l'Ecologie a publié au Journal officiel un texte rendant obligatoires les compteurs électriques dits "intelligents" dans les logements neufs à partir de 2012. Une décision contestée par nombre de collectivités locales et d'associations qui jugent prématurée la généralisation du boîtier jaune. Ce compteur est "pensé par et pour le distributeur ERDF et pas du tout au bénéfice du consommateur", accuse aujourd'hui l'UFC-Que Choisir, dans un communiqué virulent, ravivant ainsi les interrogations autour du dispositif en termes de bénéfices économiques et écologiques et de respect de la vie privée. Que sont les compteurs électriques intelligents ? Ces nouveaux appareils, aussi appelés Linky (de "link", "lien" en anglais), ont la capacité de délivrer au distributeur la consommation électrique pratiquement en temps réel, en moyenne toutes les 10 à 30 minutes. Les usagers pourront donc gérer à distance les relevés de consommation, les ouvertures et clôture de contrat, les changements de puissance des installations, sans intervention d'un technicien. Tous les logements, neufs et anciens, doivent être équipés de ces compteurs d'ici 2021. Et avant la fin de l'année, 300 000 boîtiers doivent être installés à titre expérimental à Lyon et dans la région de Tours, à raison de 1 500 par jour. Quels sont leurs avantages ? L'objectif affiché est de réduire sa facture en payant ce que l'on a réellement consommé et en consommant mieux. Des bénéfices sont donc attendus pour le porte-monnaie mais aussi pour l'écologie. Ce dispositif s'inscrit dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, suite à une directive européenne de 2006. Combien coûtent-ils ? C'est là le premier point qui fâche : son coût, sur lequel peinent à s'accorder les parties au débat. ERDF (Electricité réseau distribution France) parle de un à deux euros par mois pendant 10 ans pour le client. Rapportés aux 35 millions de compteurs installés en France, le coût de la généralisation de ce système serait donc compris entre 4,2 et 8,4 milliards d'euros d'ici 2021, soit 120 à 240 euros par abonné. La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), une association regroupant près de 500 collectivités territoriales et établissements publics, estime elle que l'addition pourrait être plus salée, avec 8 milliards d'euros. Dans les autres pays, le prix des compteurs varie dans la fourchette haute : 250 euros en Californie, 220 euros en Suède, 190 en Grande-Bretagne. Seule l'Italie propose des tarifs moins élevés, à raison de 80 euros, dans la mesure où les boîtiers sont financés par le fournisseur Enel. Des prix élevés, mais pour quels bénéfices ? Difficile de les évaluer. D'après les calculs de Terra Eco, le consommateur devrait rentabiliser les 240 euros déboursés et même économiser 164 euros d'ici 2021 grâce à des gains de fonctionnement générés pour les gestionnaires de réseau (120 euros de moins par client), une réduction de sa consommation estimée de 10 à 15% (230 euros de gagnés) et une limitation de 15% des pics de consommation (54 euros de moins sur la facture). ERDF parle de son côté d'une économie bien plus importante, de 50 euros par an pour une facture moyenne de 400 euros par foyer. Pourquoi font-ils polémique ? La principale réserve qu'émettent les associations porte sur la question du respect de la vie privée. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) s'est ainsi inquiétée, dans un communiqué publié le 5 août, de la collecte de données personnelles impliquée par les boîtiers. "Les informations de consommation d'énergie transmises par les compteurs sont très détaillées et permettent de savoir beaucoup de choses sur les occupants", note la CNIL. Grâce à cette analyse détaillée de la consommation électrique, il peut ainsi être aisé de déduire les habitudes et comportement d'un abonné, comme leur horaire de réveil, le moment où ils prennent une douche ou bien quand ils utilisent certains appareils (four, bouilloire, toaster...). "Les distributeurs d'énergie devront donc apporter des garanties sérieuses sur la sécurisation de ces données et leur confidentialité", ajoute-t-elle. "Toutes les données de consommation sont cryptées, ce codage préservera le système des attaques malveillantes pouvant nuire à la qualité du service ou au respect de la vie privée", a répondu ERDF, qui participe au groupe de travail sur le sujet de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) avec la Cnil. Pour L'UFC-Que Choisir, l'expérimentation du Linky et la concertation entre les différents acteurs ne sont que "simulacre", tant "l'Etat passe par-dessus les critiques avec un rouleau compresseur" en généralisant de manière hâtive le boîtier. "Les objectifs assignés à l'expérimentation en cours sont loin d'être atteints, justifie ainsi l'association de défense des consommateurs dans son communiqué. Le planning de pose dérape, les compteurs disjonctent un peu trop facilement et la transmission des données ne se fait pas." "Comment réaliser un bilan complet au 31 décembre 2010, c'est-à-dire trois mois plus tôt que prévu, avant la pose de l'ensemble des compteurs expérimentaux et sans même les tester pendant la période hivernale ?", interroge-t-elle, en demandant la prolongation du test jusqu'au 30 juin 2010.

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